Syndrome de l’Inde : définition
Souvent redouté, parfois fantasmé, le syndrome de l’Inde touche de nombreux occidentaux qui séjournent sur le sol indien. Étudié par Régis Airault, psychiatre au Consulat de France de Bombay, il explique qu’il s’agit de troubles du comportement causés par le choc culturel en arrivant en Inde et pouvant parfois plonger les individus dans des situations de délire.
Nous avons recueilli le témoignage de Bérénice, étudiante en école de commerce partie étudier un semestre à New Delhi. Elle a expérimenté ce syndrome indien et raconte son expérience. Elle donne aussi des conseils sur la façon dont tu peux anticiper le choc culturel.
Témoignage de Bérénice à propos de son séjour en Inde.
As-tu ressenti un choc culturel en arrivant en Inde ?
Absolument. Dès mon arrivée en Inde, j’ai été frappée par l’intensité de la vie quotidienne. Le bruit, la foule, les couleurs, les odeurs, tout était à un niveau que je n’avais jamais connu.
Lorsque je marchais dans les rues de New Delhi, tous les regards étaient braqués sur moi, impossible de faire deux pas sans qu’on vienne me proposer quelque chose. On m’a même suivie à plusieurs reprises alors même que je leur disais ne pas être intéressée.
Au début j’ai trouvé ça marrant, j’avais presque l’impression d’être une star. Je me sentais comme dans un film, tout était différent de ce que je connaissais en France.
Pourtant, j’avais préparé ce voyage et l’école nous avait bien prévenus des différences culturelles. Mais je crois que c’est impossible de vraiment comprendre sans le voir de ses propres yeux. C’est une culture vraiment différente et c’est un peu déstabilisant parfois…
Peux-tu nous parler de ton expérience du syndrome de l’Inde ?
Oui, c’était très intense. Je crois que ce qu’on appelle le syndrome indien, pour moi, a commencé après quelques semaines.
Au début, j’étais émerveillée par tout ce que je voyais. Mais petit à petit, j’ai commencé à ressentir de bouffée de chaleur, je crois que l’intensité de la vie en Inde a commencé à peser sur moi.
J’avais du mal à comprendre certaines coutumes, les différences sociales étaient frappantes, et la pauvreté très visible dans les rues. Je crois que c’est surtout la pauvreté qui m’a le plus bouleversée : devoir ignorer plusieurs fois par jour des gamins de moins de dix ans qui viennent demander de l’argent, ça te fait vraiment mal au cœur.
J’ai commencé à me sentir très seule et désorientée, malgré le soutien de mes amis et de ma famille. J’étais loin de tout.
Un soir, après une journée particulièrement fatiguante, j’ai eu une sorte de crise. Je me suis sentie submergée par le stress, comme si je perdais pied avec la réalité. J’avais des pensées délirantes et je ne savais plus vraiment qui j’étais ni où j’étais. Ça m’a vraiment angoissée.
Qu’est-ce qui cause le syndrome de l’Inde selon toi ?
Je crois que dans mon cas, c’est le mélange du choc culturel et de l’angoisse liée à la sollicitation permanente lorsque je me baladais dans les rues. Tout cela a été mêlé dans mon cas au sentiment d’insécurité qui est, je crois, l’origine de mes pensées délirantes.
Pour quelqu’un venant de l’Occident, le contraste peut être vraiment très perturbant. De plus, le rythme de vie, les normes sociales et les attentes sont très différents, tous les repères qu’on peut avoir en France s’effondrent.
Comment as-tu réussi à surmonter ce syndrome ?
Lorsqu’on est frappé par le syndrome de l’Inde, on perd complètement pied. On ne sait plus ce qu’on doit faire ou ne pas faire, on devient un peu parano. Ça n’a pas été facile de surmonter cela et ça a pris du temps.
La première étape a été d’accepter ce que je ressentais et de chercher de l’aide. J’ai parlé à d’autres étudiants internationaux et j’ai découvert que je n’étais pas la seule à ressentir tout ça. Ca m’a beaucoup aidée de comprendre que d’autres étaient dans le même cas que moi.
J’ai aussi contacté un conseiller de l’université qui m’a aidée à mettre en place des stratégies pour gérer mes émotions et m’a orientée vers le Consulat qui dispose d’une cellule psychologique pour les Français présentant ce syndrome.
J’ai repris à mon propre rythme la découverte du pays et de ses coutumes.
Doucement au début pour reprendre confiance. J’ai commencé à pratiquer le yoga et la méditation, ce qui m’a apporté une grande sérénité. Peu à peu, j’ai retrouvé mon équilibre et j’ai commencé à voir l’Inde sous un autre jour.
As-tu réussi à profiter de ton séjour en Inde malgré tout ?
Oui, malgré des débuts difficiles, j’ai réussi à profiter de mon séjour. Une fois q surmonté le choc culturel, j’ai pu découvrir et apprécier la richesse culturelle de ce pays incroyable.
J’ai fait des rencontres inoubliables, visité des lieux magnifiques comme le Taj Mahal, les Ghats de Varanasi et les plages de Goa.
Je suis tombée amoureuse de la cuisine indienne (attention, il faut aimer manger épicé) et j’ai même fini par apprendre quelques mots d’hindi.
Je pense que je me souviendrai toute ma vie de ce voyage, tout ce que j’ai ressenti en Inde est tellement plus puissant que tout ce que j’ai pu découvrir ailleurs…
Finalement, je garde presque un bon souvenir de ce syndrome de l’Inde, ça a été l’occasion pour moi de ressentir une émotion qu’on ne peut pas expliquer et que je ne revivrai probablement jamais. Je suis très fière d’avoir réussi à dépasser cette phase.
Ça paraît un peu cliché de dire ça, mais ce séjour en Inde m’a profondément transformée.
Quels conseils donnerais-tu aux Français pour appréhender au mieux le choc culturel et éviter les délires du syndrome de l’Inde ?
Je leur conseillerais de bien se préparer avant de partir. Apprenez autant que possible sur la culture indienne, ses coutumes et ses traditions. Lisez des témoignages, des livres, des blogs, regardez des vidéos et échangez avec ceux qui sont déjà partis.
J’ajouterais qu’être ouvert d’esprit est indispensable car ce pays peut être déroutant au début.
Prenez soin de vous aussi : si vous sentez que le choc culturel devient trop intense, n’hésitez pas à demander de l’aide. Parlez à d’autres expatriés, cherchez des groupes de soutien ou des conseillers. Prenez du temps pour vous relaxer et vous ressourcer en dehors des grandes villes.
Je sais que quand on part en Inde, on a envie de profiter un maximum et de tout visiter mais les temps de pause et de repos sont nécessaires pour profiter de l’expérience au maximum.
Enfin, soyez patient avec vous-même. L’adaptation à une nouvelle culture prend du temps, et il est normal de se sentir perdu ou submergé par moments. Avec le temps, vous apprendrez à naviguer dans ce nouvel environnement et à en tirer le meilleur.
En bref, renseignez vous et préparez vous, mais n’hésitez pas à partir en Inde. Vous en reviendrez transformé.
D’autres témoignages sur le syndrome de l’Inde:
Pour compléter cet article, nous te conseillons de visionner cette vidéo qui traite du syndrome de l’Inde: